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Accueil du site > Articles > Traditions et cultures > Navigation traditionnelle > Le Monotype de Chatou

Rubrique : Navigation traditionnelle

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Le Monotype de ChatouVersion imprimable de cet article Version imprimable

Publié Mars 2012, (màj Mars 2012) par : François Casalis  image   

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Mots-clés secondaires: Voiles_carènes_et_gréements

Le Monotype de Chatou ou l’histoire de la restauration d’un bateau de la Belle Époque.


Ce type de bateau est apparu sur les bords de la Seine au Petit-Gennevilliers en 1902. Les frères Monnot, Henri et Maurice, habitent Chatou, amateurs de loisirs nautiques ils portent leur dévolu sur le Monotype de Chatou. Très vite ils font des adeptes et créent un cercle qui sera le promoteur de ce dériveur, au point que trente ans plus tard il en existera une centaine d’exemplaires, faisant du Monotype de Chatou la première et la plus grande série de bateaux en France à cette époque.

La restauration de Porc-épic :

Porc-épic est un Monotype de Chatou qui date de 1908, il porte le numéro 3. Grâce aux bons soins des dirigeants du Yacht Club de l’Ile-de-France, qui en est le propriétaire, il figure à l’inventaire des Monuments Historiques. Cet illustre club nautique nous a fait l’honneur de nous en confier la restauration.

Pour l’avoir, en son temps, examiné en détail, nous savons que la coque est en triste état et qu’il y a du travail en perspective. Porc-épic est un Monotype de la première période, avant la guerre de 1914, et nous souhaitons le remettre dans son état d’origine. Nous connaîtrons des difficultés avec le puits de dérive, l’ajustage sur la quille d’origine, que nous voulions garder, va nous réserver des surprises, il faudra s’y reprendre à deux fois.

Le gréement n’est pas complet, nous trouverons les éléments manquants chez nos amis savoyards, « Les vieux safrans », qui ont eu la bonne idée de mettre de côtés des gréements datant de l’époque où les Monotypes régataient sur le lac d’Annecy.

Premier travail : faire un état des lieux
La première chose que nous avons faite après son arrivée dans l’atelier, a été justement de ne rien faire ! Il faut prendre le temps d’établir un diagnostic complet. Nous avons d’abord nettoyé le bateau (intérieur et extérieur) afin de procéder à un examen minutieux, notamment en nous glissant dans la pointe avant. Cela nous a permis de constater que le bateau était en plus mauvais état que nous le pensions. Le bilan n’est pas optimiste.

La coque :

  • Le barrotage est pourri, le puits de dérive délabré à l’intérieur comme à l’extérieur. En poursuivant l’inspection sous les ponts cela ne va pas mieux. À tribord, les membrures sont cassées au niveau du deuxième bordé. En retournant vers le cockpit le bilan s’alourdit encore. Six membrures sont en morceaux témoins d’une « réparation » de l’époque.
  • L’entoilage du pont nous a beaucoup intrigué. Ce n’est qu’après la dépose de l’ancien tissu que nous avons compris. C’est la première fois que nous rencontrons cette technique et nous avons pris soigneusement des notes afin d’être capable de la reproduire.
  • Au niveau de la coque, le galbord, le ribord, et la troisième virure présentent un grand nombre de manques sur les deux bords.
  • Les aboutissements du bordé présentent des réparations dont la répartition et la solidité sont à revoir. Au total quelques vingt mètre linéaires de bordé sont à reprendre.
  • Beaucoup de membrures en acacia ployé sont fendues ou cassées à la perpendiculaire du fil du bois. Au total presque la moitié des membrures est à changer.

Les espars :

  • Les espars en bambou sont fissurés à de très nombreux endroits. Plusieurs roustures sont manquantes, ce qui a eu pour effet de provoquer des déformations. Le bambou n’est plus circulaire mais ovale. Les embouts sont manquants ou éclatés, ainsi qu’une partie de l’accastillage.
  • La grand-voile sera confiée à Jean Chevalier, l’emblème du bateau, un porc-épic, dont le profil était peint sur la voile comme c’était la coutume à l’époque, fait l’objet de discussions interminables.

Les choix de restauration


Déposer le pont :
Après avoir procédé à cet état des lieux, nous avons longuement discuté avant de finaliser la démarche de la restauration. Contrairement à notre premier avis nous avons finalement décidé de déposer le pont. Cela est rendu nécessaire par l’obligation de remplacer de très nombreux barrots, ce qui est impossible avec le pont en place. Même pour un petit gabarit, il est impossible de se glisser sous la pointe avant pour y travailler. Nous avons également décidé de restaurer les espars en bambou. En travaillant minutieusement, il est possible de recoller les fissures et de redonner au bambou sa section d’origine. Une partie des bordés du fond doit, à l’évidence, être changée et bien entendu les bordés manquants remplacés.

La charpente :
Pour le reste des pièces de charpente, le choix est fait de conserver le maximum du bois d’origine lorsque c’est possible, quitte à nous compliquer la vie plutôt que de refaire une pièce entièrement. La majeure partie de la structure du cockpit est à refaire (élongis, jambettes). Le seul point sur lequel nous n’avons pas établi de choix à priori a été le puits de dérive. Il nous faut attendre d’avoir déposé une partie des pièces anciennes pour décider quoi faire. Après une première tentative infructueuse la seconde a été confiée à un charpentier ami qui n’a pas économisé, ni son temps, ni les différents gabarits de guidage, pour réaliser une jonction parfaire sur la coque

C’est un drôle de bateau, ce Monotype de Chatou.

Exotique et généreux :
Sa forme, son allure générale, ses espars en bambou lui donnent un petit air exotique. La générosité de son cockpit en fait un espace convivial dans lequel, en dehors des exigences de la manœuvre, on aime à s’y tenir, converser, ou encore boire un verre. Ce dériveur de 5,05 mètres de longueur a été gratifié de toutes sortes de sobriquets, parfois assez peu flatteurs, comme, punaise, plat à barbe, tant la forme très aplatie de sa coque est surprenante. Il suffit de voir l’étonnement de nos visiteurs lorsque l’un d’eux navigue devant notre atelier, pour se convaincre que ce n’est pas un bateau comme les autres.

Sur l’eau :
Le Monotype de Chatou est un bateau agréable à vivre et nous avons tiré des bords avec plaisir sur des plans d’eau les plus divers, à Douarnenez, à Dennemont en passant par Rolle en Suisse ou encore Aix-les-Bains. Dérive haute, le bateau cale une dizaine de centimètres et les moindres recoins de rivière sont accessibles. Le maniement de la dérive demande un peu d’attention, elle pèse quarante kilos bon poids et quand on la remonte le centre de gravité du bateau s’en trouve fortement affecté.

Et que la fête commence !

Le yachting francilien de la Belle Époque :
Nous souhaitons que la restauration de Porc-épic soit l’occasion d’évoquer le yachting francilien de la Belle Époque et des Années Folles. Les dirigeants du Yacht Club de l’Ile-de-France vont nous aider à réaliser ce vœu en nous invitant à les rejoindre au Mureaux à l’occasion d’une manifestation consacrée aux bateaux traditionnels « Voiles au fil de l’eau ». A la suite d’une brève discussion nous décidons de nous y rendre et d’en profiter pour « livrer » Porc-épic en descendant la Seine.

Nous faisons étape à Villennes ; la plage des nudistes est déserte depuis longtemps, c’est un club d’aviron qui très aimablement accueille notre caravane. Le lendemain, pour notre plus grande joie, Porc-épic, retrouve des eaux familières. Tous les bateaux du Yacht Club de l’Île-de-France sont là pour l’accueillir, il fait beau, le spectacle est splendide, nous sommes comblés.

Une belle aventure :
Avec la restauration de Porc-épic, nous voulions retrouver les faits et gestes des parrains de ce bateau. Repartir dans le sillage de Charcot, dans les délires de Paul Poiret, dans la sagesse de Georges-Paul Thierry, dans la générosité de Lucien Môre et d’Albert Glandaz, dans les rêves « décollants » de Santos-Dumont, dans la palette de Vlaminck et les pinceaux de Léon Haffner, essayer de retrouver les tours de main de Texier et de ses confrères.

Tout cela pour rendre hommage au Monotype de Chatou, ce bateau qui, pour nous, est et restera toujours, à la frontière du canotage et du yachting.

François CASALIS Association Sequana

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