Méditerranée orientale : les courants...
L’eau n’est pas compressible... Arrivés au fond, il faut bien qu’ils s’évacuent ! C’est le contre courant anatolien. Il ne faut pas les sous estimer...
Portrait d’un problème : Le contre courant anatolien.
La circulation générale des masses d’air, d’ouest vers l’Est , génère sur le sud du bassin, le long des côtes africaines, un courant portant à l’Est.
En été, ce courant est renforcé par les masses venant de l’Égée (effets du meltem et du courant du Bosphore)
Bloqué entre Chypre, et le Liban, les masses d’eau, qui ne sont pas compressibles, ne peuvent s’écouler vers l’ouest, qu’entre Chypre et la côte anatolienne, puis tout au long de l’arc anatolien, pratiquement jusqu’à Lesbos, créant un contre courant puissant qui ne s’épuise que lorsque l’effet de pente s’annule.
Un des effets désagréable (le mot est faible) de ce contre courant côtier, est qu’il s’oppose aux vents dominants, pouvant générer des effets dévastateurs :
- au caps Anamur, Taslik *, Sept Caps, Cap Krio, Kurdoglu, Teke Burnu, etc, etc...
Mais aussi, dans tous les détroits :
- les Besadalari (au cap Taslik), détroit de Rhodes, celui de Symi, Kos, Samos et Fourni, et Chios, un peu plus haut.
Il faut vraiment avoir en tête ce problème. Si par pur hasard, vous l’aviez oublié, les lames courtes, rapides, rageuses, déferlantes et destructrices, vous le rappelleraient tout de suite. En l’occurrence, mieux vaut que ce soit contre le vent, vous pouvez toujours faire demi tour. Mais en allures portantes, aïe, aïe, aïe... Pour peu que vous soyez chouïa surtoilé, vous en souviendrez longtemps...
MàJ février 2018
C’est un des toute premiers articles sur PTP. Mon approche initiale, liée à la présence de courants significatifs le long de la côte anatolienne, ne traitait que des courants de surface, en l’assimilant à un contre courant de surface. Vision sommaire, mais... exacte : le courant sur cette côte pousse bien au NW...
- Crédit : http://www.wetube.io/video/visualisation-des-courants-marins-en-mediterranee/
Son origine est bien plus compliqué, lié à des phénomènes physiques complexes prenant en compte la salinité, la température de l’eau, les courants des eaux profondes, et les remontées d’eau froide.
La méditerranée est un petit bassin fermé, ouvert uniquement, que par le détroit de Gibraltar. Les apports en eau douce par les fleuves, les précipitations et le ruissellement sont faibles et ne compensent pas l’évaporation importante. Si le détroit de Gibraltar se fermait, le niveau de la mer Méditerranée baisserait de 80 cm par an. Le déficit est comblé par des entrées d’eaux atlantiques par le détroit de Gibraltar (environ 35000 km3 par an).
Schématiquement, et du fait des différence de salinité, les eaux lourdes, salées et froides (elles sont au fond, donc peu réchauffées) circulent en eaux profondes pour ressortir par Gibraltar et y entrent en surface, légères, plus chaudes et moins salées.
On trouve deux bassins principaux : le bassin occidental et le bassin oriental, dont la frontière peut être matérialisée par une ligne reliant la Tunisie à la Sicile et à la botte italienne. La mer Adriatique étant rattachée au bassin oriental.
Divisé en plusieurs petites mers (mers d’Alboran, Adriatique, Tyrrhénienne, Ionienne, bassin algéro-provençal, bassin levantin, etc.), séparés par des seuils élevés : Gibraltar, dDardanelles, détroit de Sicile, arc crétois, composant des bassins d’effondrement profonds (jusqu’à -5121m dans la fosse de Matapan dans la mer Ionienne). C’est l’interaction des données physiques : salinité et températures et upwelling [1] qui créeront des veines de courant interactives, ne se mélangeant pas.
Très schématiquement, la circulation de surface en Méditerranée suit une boucle anticyclonique. L’eau atlantique peu salée pénètre en surface par le détroit de Gibraltar. Au cours de son cheminement dans le bassin, elle est transformée en eau méditerranéenne plus dense qui ressort à son tour par Gibraltar, avec un temps de renouvellement qui en moyenne varie de 50 à 100 ans (Millot and Taupier-Letage, 2005Circulation in the Mediterranean sea).
Les courants de surface influencés par la météorologie et les saisons présentent des variabilités temporelles allant de la journée à la saison et suivent des trajectoires tortueuses (figure ci-dessous montrant la circulation en Méditerranée). Ils peuvent former de grands tourbillons de quelques centaines de kilomètres, dont la durée de vie varie de quelques mois à quelques années. Certaines de ces structures sont bien connues à l’instar du tourbillon Ierapetra que l’on peut observer au sud-est de la Crète.
Sources :
Claude Millot et Isabelle Taupier-Letage, cités par https://e-cours.univ-paris1.fr/modu...