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Accueil du site > Littérature maritime > Les Beligoudins - aventures du capitaine Kerdubon > Tour du Péloponnèse solo chap 5 a

Rubrique : Les Beligoudins - aventures du capitaine Kerdubon

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Tour du Péloponnèse solo chap 5 aVersion imprimable de cet article Version imprimable

Publié Mai 2019, (màj Mai 2019) par : Collectif Salacia   

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Mots-clés secondaires: navigation_divers , Traditions_cultures

NDLR : merci à “Kerdubon” capitaine, marin, conteur et explorateur...

Vers la table des chapitres

Tour du Péloponnèse solo 1982


Tout début Mai, avec l’équipage habituel et du matos embarqués dans la R8 major, je suis arrivé sur le chantier de Nidri. La colère et la stupéfaction y régnaient. Les frères Konidaris tempêtaient et le père brandissait un marteau menaçant.

  • Quoi-t’est-ce messires ?
    • Pour la première fois depuis…quelques siècles, les bateaux en hivernage ont été visités et pillés !
  • Comment ont-ils pu faire ?... demande ingénument madame Kerdubon.
    • En empruntant les clefs au tableau dans l’atelier !... répondit évasivement Kiriakos qui vit qu’elle regardait avec insistance l’énorme serrure archaïque de la porte de l’atelier. Le frère cadet précisa… Elle est trop belle pour que le pateras la change… mais il y a déjà quelques 54 décennies qu’on a perdu la clef !... et l’Italien qui la désirait est parti bien avant les vols… d’ailleurs il ne viendra pas cette année... il est en prison !

Le « Beligou » bien calé sur ses tins n’avait pas bougé d’un poil. S’il pesait plus lourd, c’est à cause de poussières et feuilles mortes qui recouvraient son pont. A l’intérieur les surprises nous attendaient. La moitié de la vaisselle avait disparu. Sur les deux que nous avions, une paire de jumelles itou.... Heureusement, c’était la plus puissante qui avait disparu, celle restant était bien meilleure et non japonaise. Mon ciré et mes bottes étaient envolées… pas celles de Madame.

  • Ils ne voulaient pas nous délester de tout... ils ont partagé !
    • Heureusement qu’ils n’ont pas pris une botte sur deux !... on aurait l’air malins chaussés chacun d’un pied !... Par contre ce ne sont pas des Grecs xénophobes ! Ni des Germains casques à boulons, encore moins un Angliche... Mais des Français chère madame !
  • Pourquoi accuser des compatriotes ?
    • Je ne vois pas d’autres gens… prendre dans notre bibliothèque les bandes dessinées en Français !

Le pire nous attendait. La pompe de refroidissement du Mercedes ainsi que le barbotin du guindeau s’étaient fait la valise avec le reste !... Il fallut courir jusqu’à Préveza pour les remplacer. Il n’y avait eu qu’un seul yacht français du genre « vieux gréement » à avoir un guindeau comme le nôtre... Je ne l’ai jamais revue cette « gazelle des sables » !
Notre voiture dépannait tout le monde, aussi bien pour les courses à Lefkas-city, que pour effectuer des tours touristiques de l’île, ce qui nous valut des amitiés et aides de beaucoup de collègues qui préparaient leur mise à l’eau… J’en laissai la clef au tableau du hangar, elle dut arranger bien du monde pendant notre absence… mais quelle surprise en la retrouvant à la fin de l’été !
Je passais de l’antifouling sur ma coque, lorsque mon chien émit un petit cri que je connaissait bien. C’était un signe discret qu’il utilisait pour attirer mon attention, signe qui parfois me rendait bien service sur le cargo, car il naviguait tout le temps avec moi. J’ai donc levé la tête et vu que ma charmante voisine montait son échelle rudimentaire de maçon, pour renter dans son domaine privé, le « Imanja » qui sous les eucalyptus, était à touche touche avec le « Béligou ». J’ai pu constater de par ma position basse, lorsqu’elle enjamba ses filières, que de grosses moustaches débordaient de son maillot de bain rétréci par le sel et le soleil. Moi qui en avait une belle paire sous le nez, je me suis dit que chacun les porte où il peut… et j’ai repris mon pinceau. Il me sembla que le chien ricanait !
Presque à la fin Mai, le « Béligou » fin prêt les patins furent glissés sous la coque, les rondins disposées derrière lui et... « larguez tout » il rejoignit son élément.

- Sivota
Nous sommes allés au Sud de Lefkas pour retrouver le calme en baie
de Sivota déserte au printemps.

- Agia Euphemia
Cette fois, le vent venait du Sud. Pour descendre le canal situé entre les îles d’Ithaque et Céphalonie, il fallait tirer des bords longs… ce qui est agréable, mais au près…ce qui l’est moins. Dédaignant Fiscardo, on visa Sainte Euphémie, une baie de Céphalonie, sise plus bas, à la latitude de la Pointe Saint André, extrémité Sud d’Ithaque, l’île d’en face.

  • Regarde Joachim !... Un zodiac comme le nôtre nous suit assez loin derrière !
    • Nom d’un chien !... c’est le nôtre qui a décidé de naviguer seul, son amarre a du péter !... Moteur… puis demi-tour… on revient dessus, il faut le récupérer !

Le réservoir était aux trois quarts vide, on gîtait fortement au près un peu serré. Le moteur aspira donc de l’air… et forcément ne démarra point. J’ai rentré le génois, après avoir abattu de 180° et laissé le voilier glisser vent arrière.
Madame Kerdubon était à la barre. J’avais la gaffe en main. On arriva très bien directement sur le boudin fugueur après une course pas trop longue… mais trop rapide. La gaffe passa bien sous les filins de côté de l’engin, s’y accrocha avec son ardillon… et elle me fut arrachée des mains, malgré le coup de barre de madame pour revenir bout au vent.

  • Merdum ! Il faut reprendre de l’erre pour recommencer la manœuvre ! Ce sera acrobatique cette fois-ci ! On va affaler la toile au moment de la rencontre, je sauterai dans le zozo et rejoindrai le « Béligou » à l’aviron ! (Le moteur du zozo était ôté et fixé sur mon balcon arrière).
    • Avec ce vent ?... Tu crois pouvoir ramener le fils prodigue à papa Béligou ?
      Je n’avais pas vu, qu’un gros plaisancier à moteur sorti de Fiscardo avait observé ma manœuvre. Sans subtilité et sans mal, il nous ramena l’annexe qui fut hissée à bord. Grand ouf de soulagement et grands mercis à ce « casque à boulons »…comme j’appelais les Germains… un peu envahisseurs, même s’ils étaient pacifistes et cette fois-ci sympathiques.

Il fallut encore de nombreux bords, toute la toile déployée pour arriver à Agia Euphemias. Miracle, pour accoster… sans promesse de cierge… la pompe qui avait craché ses bulles… accepta d’envoyer du diesel aux cylindres et Mercedes chanta !
A l’abri, des vagues soulevées par un vent assez fort, bien amarrés au quai de la haute mais courte jetée, la nuit venue, Tonnerre de Zeus !... on assista au spectacle dantesque, d’un formidable orage sur Ithaque distante de 4 ou 5 milles

Poros
La colère orageuse des dieux passée, les éléments calmés, la route du lendemain longea la côte orientée vers le Sud Est de la partie Sud de l’immense île Céphalonie, la plus grande de Grèce après la Crète. J’ai décidé de passer la nuit tranquille à l’abri de la jetée du port de Poros. L’unique place disponible se tenait tout à son extrémité, c’est tout juste si nous n’avions pas le nez dehors. Comble de bonheur, à peine amarrés… “patatras”… il fallut décamper, le ferry reliant l’île à Patras arrivait full speed. Il secoua tout le plan d’eau pour mettre sa rampe sur le quai. Heureusement, il ne repartirait que le lendemain après midi. D’ici là !... tout serait calme. Reprenant notre place, bien en arrière de l’extrémité de la jetée, suite au départ d’un pêcheur qui ne reviendrait pas. Juste comme je donnais un coup d’accélérateur pour bien vider les tuyauteries de leur eau, après en avoir fermé la vanne d’entrée… une durite péta !
C’est à la taverne vers 22 heures, l’heure du repas pour les Grecs, qu’on découvrit Abraham, le mécano du port qui avait bien sûr de quoi me dépanner.
En sa compagnie on changea de marque de... “retzina”. Dans chaque coin de Grèce où les vignes donnent du vin blanc, on produisait une “retzina”, forcément de saveur différente pour chaque endroit. Embouteillée en micro-boukali, ce vin résiné ne voyageait pas au-delà des environs de son vignoble. Quelques boîtes l’embouteillent de façon industrielle et l’exportent... en petite quantité. Lorsqu’on la déguste... dans la froideur hivernale d’Europe... il manque la musique des micro bulles... et celle de Théodorakis !
Le test résineux avec chants et musique se poursuivit assez tard avec l’arrivée des amis d’Abraham, avant qu’il ne sorte de son atelier la durite qu’il me fallait ! Au petit jour lorsque j’appareillai, il largua mes amarres et du bout de la jetée nous salua une micro boukali en main !

Argostoli
Finissant pratiquement de contourner l’île par le Sud, on pénétra cap au Nord dans le golfe profond d’Argostoli, puis on vira route au Sud pour se couler dans la baie abritée où s’étalent le port et la capitale de l’île.
L’épicier et marchand de fuel, qui avait beaucoup de photos de navires dans sa boutique, m’expliqua qu’il était Capitaine actuellement en congés et qu’il aidait l’épicière son épouse. Apprenant que j’étais moi aussi Capitaine et en congé… nous avons eu une intéressante conversation avec… dégustation.
J’ai remarqué avec un sourire narquois, que celui qui m’appelait “aderfo mou” (mon frère), avait les mains baladeuses et serrait de près Madame Kerdubon, laquelle ne savait comment s’en dépêtrer. En quittant… mon frère, puis l’île, après remplissage des soutes et réservoirs, j’ai pensé que la marine grecque avait encore de beaux jours devant elle !

Zante Ag Nikolaos
Zante, la Fior di Levante aux dires des Vénitiens qui l’occupèrent, fut l’étape logique suivante. Nous avons d’abord mouillé pendant quelques jours dans le Nord, en Baie San Nikolaos, histoire d’explorer en zozo quelques unes des « grottes bleues » affleurant le niveau des eaux que la mer avait creusées au fil des siècles, puis on alla mettre le cul au quai de la grande jetée protectrice dans le port de la Capitale Zakinthos.

Zakinthos

  • Icitte, on ne rigole pas avec l’écologie ! La Capitainerie m’a avisé que tout jet dans les eaux portuaires d’un plastique ou d’une peau d’orange, serait taxé d’une amende !
    • J’avais bien l’intention d’utiliser les poubelles à roulettes mises à la disposition des yachts !... Pour qui nous prennent-ils ?
      Réveillés à l’aube selon notre habitude, on fut stupéfaits en voyant par notre hublot de cabine, l’employé municipal rouler une à une ces poubelles jusqu’au bout de la jetée et… balancer sans état d’âme leur contenu à la mer !

Au bout de la jetée, avant le phare, il y avait une taverne bruyante le soir. Notre voisin de quai, le sympathique “Lorenz” nous y invita pour participer avec ses amis à la fête précédant son départ. Ce fut une java terrible ! La spécialité des “musicos” de l’île était de garder inscrite dans les mémoires, la “canzonette Italienne”. Mandolines, banjos et guitares, accompagnèrent les chanteurs débridés par la somme d’argent qu’ils avaient encaissée. Le vin coula à flots et vers les 3 heures du matin, par une brise nocturne très violente, saoul comme un Polonais, “Lorenz” appareilla… pour ailleurs. On ne le revit jamais. Combien de rencontres, d’amitiés soudaines, entre “Gentleyachmen”… ont disparu au-delà de l’horizon, emportées par une bonne brise qui gonfle bon plein les voilures déployées.

Un scooter fut affrété pour effectuer le tour de l’île magnifique. Empruntant de la mauvaise route délaissée par les circuits d’autocars touristiques qui préfèrent le goudron fondant sous le soleil, on apprécia le panorama somptueux du haut d’une falaise dominant la mer d’une centaine de mètres. Il y a là haut, au sommet d’une falaise, un lieu peu indiqué, probablement maudit, car un modeste monument rappelle qu’on ne sait plus trop quel groupe de résistants y balança une centaine de cousins ou frères prétendus fascistes. La mémoire des gens de l’île essaie de s’épurer de ce… mauvais souvenir, jamais on ne vous en parlera si vous passez par-là, et nos questions à ce sujet… furent détournées… il est des fantômes qu’il vaut mieux ne pas évoquer !
Notre balade nous permit de découvrir d’en haut, une baie bien tranquille, on décida de quitter les eaux bruyantes du port pour nous y rendre.

Kieri
Pendant une bonne semaine, ce furent la paix et la tranquillité en baie Kieri (Ormos Keriou). Même si le vent y souffla parfois bien fort, on ne fut pas gênés par lui.
Un jour, un somptueux yacht vint mouiller. Il paraît qu’officiellement…incognito des autorités, l’ex roi de Grèce en exil, venait régulièrement y passer ses vacances à bord. Le roi, sa femme et le petit prince… ne nous ont pas serré la pince !
Un Français qui se traînait plus ou moins en solitaire avec son voilier arriva pour mouiller à nos côtés. Il devint rapidement… collant. Il venait de divorcer pour des raisons sérieuses… avoua-t-il !

  • - Elle ne savait pas cuire mes knack ! … Evidemment, pour un Alsacien, la cuisson de ces saucisses est… essentielle ! Du coup, il se trouva baptisé Knack… à l’eau provenant d’une source inépuisable proche… car Knack n’avait même pas une bouteille d’Alsace dans ses soutes… alors, pas de retzina !...
    Le mouillage et son environnement paradisiaque, permettait des balades sympas, fort appréciées du chien. Un soir, juste avant l’heure vespérale, me rendant au village, pour quelque course… du genre achat d’une bouteille de retzina, ce liquide s’évaporant trop rapidement au soleil de la rade, malgré un taud de protection et une bonne ventilation du voilier, Je débarquai de mon zodiac lorsque j’entendis parler fort les vieux un peu sourds, groupés sur le banc des menteux au bord du quai… comme dans tous les ports à pêcheurs du monde maritime.
  • Quel est ce xeno (étranger) ?... demanda l’un.
    • C’est celui du kotero (yacht)… là-bas !... répondit un autre.
  • Né (Oui)… C’est celui qui porte toujours un chapeau et la femme “tipota” (Rien du tout) !... Ajouta un troisième… qui connaissait notre habitude de canards se croyant seuls au monde et prenaient leurs bains de soleil… dans le costume d’Adam !

Killiny
Killiny fut notre point d’arrivée dans le Péloponnèse. Après quelques jours d’exploration et de ramassage des citrons abandonnés aux pieds de leurs arbres, la brume qui avait noyé le paysage, notamment lors de la traversée, n’était plus qu’un souvenir, tout allait bien, dans le meilleur des mondes ensoleillés… “ouzoteux et retzineux”.

Patras
Soudain crac !...madame se bousilla le dos lors de sa séance matinale de yoga. La douleur était forte, il fallait donc se rendre à Patras pour consulter un médico à l’hôpital.
A Pa…tatras, un disciple plus éclairé par le crassi (vin) de “Dionysos” (Bacchus) que par “Asclepios” (Esculape), remit à la patiente des calmants à base de morphine. La douleur cessa elle… plana. L’effet terminé, la douleur était toujours présente. Par bonheur, le paquebot “Mermoz” en croisière, arriva pour déverser sa clientèle dans les bus menant à Olympie voisine. Je me suis présenté au pacha qui appela le docteur. C’était un vieux routier sachant calmer le mal de mer des passagères, mais également très au fait des accidents survenant aux marins. En deux coups de cuillère à pot, sans ménagement, il remit le sacré sacrum de madame en bonne position. La douleur cessa… vive les manipulateurs !... “Ya sas” !... A la vôtre docteur et Commandant !
Un athlète arpentait le quai. Etait-ce Apollon ?… Il en avait l’allure ! Il s’intéressa au voilier et entra rapidement en conversation. Ce type avait été le seul Grec à ramener à la Grèce, une médaille olympique, lors des jeux il y avait quelques années… et ceci dans l’épreuve reine du décathlon. Le Gouvernement enthousiaste demanda à cet étudiant ce qu’il voulait comme récompense. Il demanda une bourse pour poursuivre aux USA les cours de psychologie sportive. Ce fut alors le seul prof en cette matière à l’université d’Athènes.

Baie d’Akaia
Il invita le « Béligou » à se rendre en baie d’Akaia où il nous accueillerait dans sa villa. On se rendit dans cette baie non loin de l’entrée du détroit séparant le golfe de Corinthe de celui de Patras. On connut de bons moments avec ce type prénommé Théo et son épouse Toté, prof de danse et de Gym.
Ce gars barbouillait de la toile. Lorsque mon frère débarqua de son camping-car avec sa petite famille (épouse et 2 garçons turbulents) le 2 Juillet, il accueillit avec joie son collègue… peintre. Ils ne se mélangèrent pas les pinceaux, mais Théo proposa de garder le véhicule dans une dépendance de sa villa, pendant que les Kerdubon, feraient leur croisière familiale sur le « Béligou ».

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Kerdubon

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