Cela devait bien arriver un jour, « LE » coup de tabac, celui que l’on n’attendait pas et, disons le, que l’on pouvait craindre.
Le coup de tabac
Les Fidji :
Certes, Sergio nous avait averti voici quelques années, en nous indiquant que dans le secteur des Fidji il fallait surveiller comme le lait sur le feux, l’apparition des zones de convergence surtout si elles avaient la mauvaise idée de s’aligner avec un front froid. Cela dit, nous en avions subi un ou deux, vers Wallis, avec des vents de 30 à 35 noeuds mais rien de plus. En partant des Yasawas aux Fidji en juillet dernier, nous étions tranquilles, les quelques jours de mer qui séparaient l’archipel fidjien des Vanuatu allaient être de tout repos, selon la météo mainte fois observée et analysée. 15 noeuds mollissant et une mer belle à peu agitée, tout au plus.
Le grain, en fuite :
Départ tranquille et en début de nuit, tout d’un coup c’est un violent grain qui nous cueille et me surprend... La GV haute et le génois sorti.
Je roule vite fait et dans le grain naissant sous la pluie, décide d’aller affaler vu que nous avions déjà 35 noeuds. Le vent dans la GV nous a obligé à mettre les deux moteurs en route pour parvenir à sortir du lit du vent et se mettre bout au vent pour affaler la GV. Entre temps le vent montait. 40 puis 50 noeuds au compteur. Une fois tout en bas, la bôme bien saisie, on a mis en route vent arrière à sec de toile, moteurs coupés. Nous avions 400 milles d’eau à courir, le pied. A sec de toile, en fuite, sous pilote, nous avons navigué presque 36 heures en observant la mer se former et devenir grosse. Le coup de vent se stabilisait à 50 noeuds. Nous avons une alarme sur le GPS pour nous avertir des que l’on dépasse les 12 noeuds, elle à sonné très souvent. Nous avons navigué entre 10 et 12 noeuds à sec de toile, en fuite, sous pilote, tranquillement.
On reprend la route :
Ce n’est qu’après 36 heures, quand le temps est devenu praticable avec 40 puis 30 noeuds, que l’on a commencé à sortir du lit du vent et à faire du cap vers notre destination. Seul souci de l’opération, en pleine nuit le vent a réussi à renvoyer la GV sur près de 10 mètres en s’engouffrant dans le lazzy bag. J’ai du remonter sur le roof, affaler la toile et la saisir fortement avec un bout en la saucissonnant autour de la bôme. Certes la navigation n’a pas été de tout repos. La mer nous dépassait constamment et prenait le cata par en dessous en provoquant un bruit classique dans ces conditions. On a l’impression que c’est un train de marchandises qui passe... et ça continue, sans répit. A aucun moment nous nous sommes sentis en danger, le pilote, un Raymarine ST700 a travaillé à la perfection, ce qui n’est pas toujours le cas. Nous avons failli arracher l’éolienne, le support s’est désolidarisé, mais nous avons pu la encore, la saisir avec des cordages.
Nous n’étions pas les seuls :
Des copains qui étaient partis en même temps que nous sur des monocoques ont subi le même coup de tabac. Un 50 pieds a fait comme nous et mis en fuite 24 heures, un autre en acier à pris 3 ris et mis une trinquette et fait du cap d’entrée de jeu. Il est sorti le premier de la zone de mauvais temps mais s’est fait secouer comme il se doit, le troisième, un ketch en alu de 40 pieds fabriqué par Pouvreau a été malmené, couché, arrachant des parties de son gréement sur l’artimon. Lui aussi à dévié son cap et a fui.
Pour conclure
Sur notre vieux Lagoon 47 on s’en est bien tirés. Le seul bémol que je porterait à cette expérience, c’est en me demandant ce que j’aurai pu faire dans ces conditions de mer et de vent, si j’avais eu une côte sous le vent. C’est là qu’intervient la chance.
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José Arocena