Pratiques et Techniques en Plaisance | Imprimer | Fermer la fenêtre
Gérer et adapter une ligne mixte de mouillage - les options du tableur de mouillage 8 septembre 2016 22:23, par artimonBonjour,
J’interviens tardivement sur ce fil pour parler en particulier, compte tenu de la question d’Aikibu, de l’influence du déplacement sur la tenue du mouillage.
Comme le montre les calculs la tension maximum atteinte dans une rafale est indépendante du déplacement et dépend seulement du fardage si la rafale est quasi instantanée (le vent passe en échelon du vent établi au vent de la rafale) ; Alain Fraysse avait fait le même constat. Par contre si on considère une rafale montant progressivement en intensité (par exemple en 5s) le déplacement intervient un peu, un bateau lourd subissant une surtension de l’ordre de 10 à 20% max.
Jusqu’à la version V5 incluse du tableur ( merci encore Michel de m’avoir aidé à simplifier et clarifier l’entrée des données dans la version V5 pour rendre le tableur plus facile à utiliser) j’ai négligé pour cette raison ce facteur car l’introduction de ce calcul particulier dans le tableur alourdissait beaucoup les calculs et donc introduisait un retard désagréable dans la sortie des résultats après avoir entrer les données, en particulier pour ceux qui ont des vieux PC. En plus on ne sait pas mesurer à bord ce temps de montée ce qui rend l’utilisation de ce paramétre un peu académique ; Toutefois à l’occasion de la sortie de la version V6 qui intégrera les résultats des mesures de force en situation réelle je vais m’efforcer de trouver une solution plus simple pour mieux apprécier l’impact du déplacement dans ce cas. Mais qu’Aikibu ne s’inquiète pas, la tension max dépend au premier ordre du fardage et ne dépend qu’au second ordre du déplacement ;
Il en va autrement lorsqu’il y a de la houle. Là le bateau n’a pas seulement un mouvement horizontal mais aussi un mouvement vertical. Cela implique que le déplacement joue alors un rôle important.
J’ai introduit dans la V5 le calcul approché de la tension max dans ce cas de houle en fonction de la hauteur et de la période (ou de la longueur d’onde) de la houle.
Par exemple pour le Colin Archer d’Aikibu si on considère un vent de 30 nds rafales 40 nds s’il est mouillé par 7m de hauteur du davier sur le fond avec 40m de chaîne de 12mm et 13m de câblot de 20mm la tension max sans houle est de 568kg sans houle, qui devient 1516 kg avec une houle de 1m de période 8s (longueur d’onde 100m) dans le sens du vent et 1937kg avec une houle de 1,5m ; Pour les mêmes paramètres de mouillage si le bateau ne déplaçait que 10t les 1516kg descendraient à 1081 kg et 1937kg deviendraient 1301kg. Si la longueur d(’onde baisse , la pente augmente fortement et les tensions aussi.
Sur mon Balthazar de 17m déplaçant en charge 26t j’ai déformé en rade de Praia (Cap vert) une main de fer Kong du type indiqué par Michel et j’ai eu beaucoup de mal à extraire le manillon avec une pince étau et un bras de levier alors que le vent était modeste (de l’ordre de 10 à 15 nds sans rafale notable) uniquement en subissant une houle de l’ordre de 1,5m à 2m (ce n’est pas facile à apprécier) et de longueur d’onde de l’ordre de 100m.
La réalité est que la houle est rapidement meurtrière pour nos mouillages et qu’elle nous force à dérader rapidement si elle pénètre notre mouillage. Elle est d’ailleurs tellement inconfortable avec le tangage qui augmente rapidement (et dramatiquement si la période de la houle approche celle du premier mode de tangage du bateau déclenchant une résonance) que l’on dérade de toutes façons rapidement.
Le dimensionnement de la ligne de mouillage d’Aikibu me parait personnellement tout à fait correct ; il pourrait tenir le scenario de dimensionnement que je recommande de vents de 36nds rafales 54nds assorti d’une houle approchant 1m avec une période de 8s.
Pour terminer mon intervention j’ai abandonné définitivement la main de fer Kong indiquée par Michel après l’avoir tordue et vrillée dans l’ouragan que j’ai subi au mouillage. Lorsque nous avons été arrachés du mouillage il était impossible de remonter la chaîne et l’ancre et il a fallu attendre le lendemain après une dérive en cape sèche de 60 milles et l’accalmie pour scier à la scie à métaux (l’étrave s’engageant encore dans les lames de temps à autre) la main de fer et remonter le mouillage (c’était beaucoup trop dangereux de le faire avant).
Un noeud de bosse directement sur la chaîne est une solution beaucoup plus sûre. j’utilise également (voir photos sur mon site http://artimon1.free.fr/] dans la note technique à ce sujet une main de fer Osculati qui n’a pas de manillon, introduit l’effort dans la chaîne sans flexion, donc sans affaiblir les chaînons, et qui ne peut pas à mon avis bloquer la chaîne car si l’effort devenait supérieure à la limite élastique elle s’ouvrirait en relâchant la chaîne.
Cordialement. Artimon