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Mer Ionienne Nord : Othonoï/Erikoussa : cyclones en méditerranée 25 janvier 2015 17:34, par yvesDDes vents qui ressemblent à des vents de tornade ne sont pas rares, lors de ces séquences orageuses. Voici 5 ou 6 ans, 85 Kt à Lefkas, et voici 2 ans plus de 90 Kt à Vlikho, s’inversant du Sud, puis au Nord. des gros dégâts, et de nombreux bateaux sont tombés à Vlikho, ...
René Mayençon, dans son Météorologie marine, pages 317 et 318 de la seconde édition de 1992, décrit un phénomène très occasionnel de la méditerranée occidentale, qu’il baptise cyclone. Peut-être est-ce ce que tu mentionnes ?
Je cite tel quel (facsimilé en PJ, pour les figures). Très instructifs, comme d’habitude avec cet auteur et aussi cet ouvrage, complètement épuisé.
A3 – LES DÉPRESSIONS À CENTRE CHAUD
Complément au Chapitre IX-4
…
Parmi les dépressions à centre chaud, les plus chaudes, les plus violentes, les plus typique sont le cyclones tropicaux. Là, nul besoin de la présence d’un « jet stream ». La convection, si elle est assez forte et bien organisée, suffit à déclencher le phénomène. Plus la chaleur afflue dans la zone convective (en majeure partie chaleur latente libérée par la condensation), plus la pression baisse au niveau de la mer et donc plus la convergence s’accentue dans les basses couches. Et plus le vent souffle, plus l’eau de mer s’évapore et donc plus la chaleur latente augmente. Plus la température de la mer est élevée, plus l’évaporation est importante et plus la dépression se creuse… jusque vers 960 hPa sur une mer à 28° C, 910 hPa sur une mer à 30° C et théoriquement 860 hPa si la mer atteignait 32° C. Compte tenu des conditions thermiques régnant en altitude dans les régions tropicales, il faut que la mer soit au moins à 26,5° C même 27° C pour que le cyclone tropical puisse se développer.
D’autres zones océaniques, bien plus froides, peuvent être le siège de dépressions de même type, en particulier la Méditerranée d’une part, les mers arctiques d’autre part (à proximité de la banquise), ainsi que nous allons l’examiner.
Les cyclones de Méditerranée.
Rappelons tout d’abord quelques caractéristiques du climat méditerranéen. Par exemple la rareté des précipitations, en été, s’explique d’une part par le fait que les régions méditerranéennes sont alors, le plus souvent, sous l’influence quasi permanentes des hautes pressions tropicales d’altitude qui, dans l’hémisphère nord atteignent en moyenne leur position la plus septentrionale en été, d’autre par par le fait que la mer est moins chaude que les continents environnants, de sorte que lorsqu’une situation d’instabilité se présente, les nuages convectifs se développent surtout au-dessus des terres (et principalement des montagnes), tandis qu’une subsidence simultanée se produit en mer. Ce phénomène est surtout marqué au début de l’été — juin, juillet — quand la mer est relativement fraiche. C’est en général à la fin de l’été que la mer atteint sa température maximale ; or, à ce moment les hautes pressions d’altitude ont déjà régressé quelque part vers le sud et offrent moins de résistance à la pénétration de thalweg ou de dépressions.
C’est au cours de la première décade de septembre et des premiers jours d’octobre que l’on a le plus de chance de rencontrer, en Méditerranée, le développement de cellules convectives organisées conduisant à des dépressions à centre chaud de structure identique à celle des cyclones tropicaux, avec un œil central et les vents les plus forts en bordure de l’œil. Seulement, il s’agit là de cyclones d’étendue restreinte et d’intensité relativement modérée, n’ayant pas la possibilité de se développer pleinement car, primo l’espace maritime est exigu (comparé à l’espace océanique), secundo la température de la mer n’atteint pas les valeurs de 27° à 30° observés sur de très grandes surfaces dans les eaux tropicales.
L’un des plus remarquables de ces phénomènes est celui qui a traversé la Corse d’ouest en est, le 30 septembre 1983. Il s’était développé au cours de la nuit du 27 au 28, au nord de la Tunisie, puis avait évolué lentement entre les Baléares et la Sardaigne après avoir traversé l’extrême sud-ouest de cette île, en donnant, le 28 à 12 heures, un vent moyen de SE 40 nœuds à Cagliari (cf. page suivante). Le 30 à 1040 UTC, à Ajaccio, le vent de SE 41 nœuds atteignait 57 nœuds (111 km/h) en pointe ; l’anémomètre de Pertusato, au sud de l’œil, a enregistré 84 nœuds (163 km/h) ! Ce cyclone a empêché l’avion qui transportait la dépouille de Tino Rossi d’atterrir à Ajaccio. La formation de ce cyclone pouvait être prévu : elle a du reste été envisagée à Toulon dès le matin du 26 septembre. Le barogramme d’Ajaccio est à rapprocher de celui du 2 octobre 1986 de la station météo de Palma de Majorque où ont été enregistrées des rafales de 100 km/h de 0100 à 0300 UTC ; à un autre endroit de l’île, un anémomètre à lecture directe aurait même indiqué une pointe à 180 km/h (d’après « Le vent en Méditerranée occidentale » par mon collègue de Toulon Robert Delorme).
En 1982 (fig. ci-dessous), un cyclone assez semblable s’était formé entre la Sicile et la Grèce. Le navire Ville de Dunkerque signalait vent NNE 48 nœuds, pression 1000,8 hPa après une baisse de 10,1 hPa en trois heures, température 11,6 C sur une mer à 15,2° C, vagues de quatre mètres ; ce navire était proche du centre (en bordure de l’œil).
Ce genre de cyclone méditerranéen donne habituellement des vents de 50 nœuds environ près du centre en mer, et 40 nœuds à terre dans les stations côtières . Mais quelquefois ils peuvent atteindre la force 12 Beaufort, comme ce fut le cas sur les côtes du Var le 30 septembre 1947. En 1969, le fameux cyclone des 25 et 26 septembre dans le golfe de Gênes (qui fut suivi d’inondations sans précédent dans le sud tunisien et le sud constantinois) ne semble pas avoir excédé la force 10. Ces cyclones méditerranéens d’origine convective sont assez rares (une dizaine par décennie) .